Graphie officielle de l’Académie marquisienne
Version simplifiée du 07/01/2020
Le 15 octobre 2001, un an après sa création, l’Académie marquisienne (Te Pū Tuhuka/Tuhuna èo ènana/ènata) fait le choix d’une graphie liée, inspirée de celle utilisée par les missionnaires catholiques du XIXème siècle, et prônée par le linguiste tahitien Turo Raapoto.
Cette graphie a été adoptée officiellement par :
*- Mgr Pascal Chang Soi, évêque du diocèse de te Fenuaènata de Taiohaè, le 16 septembre 2019 (correspondance, chants liturgiques, ordinaire de la messe)
*- Mme Aline Heitaa-Archier, inspectrice du premier degré de la circonscription des Marquises, le 25 février 2020 (tous documents administratifs et pédagogiques en usage aux Marquises).
Avant-propos
La prononciation de la langue marquisienne est caractérisée par un allongement naturel de l’avant-dernière (= pénultième) syllabe de chaque mot pris individuellement.
Autrement dit, l’avant-dernière syllabe de chaque mot étant naturellement longue, il est inutile de marquer l’allongement de sa voyelle.
Exemples : au, hoe, kata, toitoi, vakavaka, …
En dehors de cet allongement naturel, la langue marquisienne dispose de trois signes modifiant la prononciation originelle des voyelles et donc, le plus souvent, la prononciation et l’intonation des mots.
I)- Les signes diacritiques : accent et autres signes permettant de différencier la prononciation des voyelle de la langue marquisienne
A) - L’occlusive glottale [‘] (encore appelée simplement « glottale »).
Elle est matérialisée par un accent grave appliqué à la voyelle (à, è, ì, ò, ù) ; elle se nomme tūkina èo, ce qui signifie que le son est « heurté » par un coup de glotte.
La voyelle est alors qualifiée de « heurtée/tūkina » plutôt que d’« accentuée », ce qui pourrait se référer à l’accentuation ou à l’intonation de la phrase ; la nommer « forte » opposée à « faible » ou « douce » serait tout aussi ambigu.
Cas des voyelles doubles :
1) - Contrairement à la graphie d’avant l’an 2000, désormais, lorsque deux voyelles identiques se suivent, on considère que la deuxième est naturellement heurtée ; il est donc inutile de marquer cette deuxième de la glottale. (Ha’a à haa) : haaènana, haapao, haaìte/hakakite, etc.
2) - De même, lorsque deux voyelles identiques heurtées se suivent, seule la première est marquée de la glottale : te ìi ; te ùu ≠ e uu ; te òo ≠ te oo.
3) - En cas de troisième voyelle identique, la glottale apparait sur la troisième : keeè, taaàu. Si quatre voyelles se suivent, on écrira conformément à l’exemple : vaièeèe…
Remarque : Le suffixe ìa utilisé dans les îles du nord-ouest
*- est toujours appliqué au mot-base qui le précède sauf si celui-ci est suivi d’un modificateur de sens (adverbe), auquel cas, le suffixe se déplace après ce dernier, sans s’y accoler.
Exemple : U peàu pu ìa (prononcer : u peàupuìa), et non : u peàu ìa pu.
*- conserve toujours sa glottale, même si elle est accolée à un autre i : tutukiìa, et non tutukiia.
4) – Pour des raisons de simplification, la glottale n’est pas appliquée dans le cas de mots utilisés très fréquemment :
a) – Les particules préverbales a, e, i, ia, oa et oi :
Ex : A hakaòko ! Ia meitaì òe ! etc.
b) – les prépositions i, ia, io :
Ex : A tuku atu i te moni ia âtou !
c) – Les indices de possession o et a ; le présentatif o :
Ex : Te hāmani a Pua ; te ihovare o Natua ; O ai teà ènana ? O Niko.
B) - Le macron [-] qui est matérialisé par une barre faisant la longueur de la voyelle longue sur laquelle il est appliqué : (à ā, ē, ī, ō, ū) ; il se nomme haatokoìa èo.
1)- Comme signalé plus haut, le macron ne s’applique pas à l’avant-dernière syllabe déjà naturellement longue. Il est donc employé uniquement pour marquer la longueur exceptionnelle des voyelles extérieures à cette avant-dernière syllabe.
Exemples :
*- macron sur la dernière syllabe : hetū, hakatū ≠ hakatu ;
*- macron sur une autre syllabe : tāvini, mōmona, aomāàma, vōvokokina/vōvooìna, etc.
(Remarque : Dans les exemples de hetū et hakatū, on constate que le déplacement de la longueur vocalique sur la dernière syllabe fait disparaître l’allongement naturel de l’avant-dernière. Dans le cas des autres exemples, l’avant-dernière syllabe longue est maintenue en présence d’une autre syllabe longue.)
2)- Dans le cas des préfixes monosyllabiques contenant une consonne suivie d’une voyelle longue (kā, mā, pā, pī, tā, tī, etc.), cette dernière est toujours marquée d’un macron : kātahi, māheahea, pāpua, pīkavakava, tīmataìa/tīmatatina, etc.
3) - Dans le cas de « īa », pronom personnel sujet et complément de la 3ème personne du singulier masculin et féminin, afin de le différencier de la conjonction temporelle « ia », de la préposition « ia » et du suffixe passif « ìa », l’Académie marquisienne applique toujours un macron sur le « ī ».
Exemple : Ia tukuìa ia īa te mōtara hou, ua pī Mahea i te koakoa.
C)- L’accent circonflexe [^] qui est une combinaison des deux signes précédents appliqués sur la voyelle (â, ê, î, ô, û). Il a pour but à la fois de la heurter et de l’allonger ; il déplace aussi l’accentuation sur cette voyelle : il se nomme uhiuhi.
Exemples : moû (et non : moù), keî (et non : keì), keâ, âtou, etc.
II - Les signes de ponctuation : te tau haatakipona o te èo ènana
[.] Le point |
Mau òa |
[ ;] Le point-virgule |
Mau òa, mau iti |
[,] La virgule |
Mau iti |
[…] Trois points de suspension |
Toù mau òa |
[!] Le point d’exclamation |
Mau mehea |
[?] Le point d’interrogation |
Mau ui |
[ […] ] Les crochets |
Pāpua kūea |
[ (…) ] Les parenthèses |
Pāpua kōhana |
[«…»] Les guillemets |
Pāpua taa |
[-] Le trait d’union |
Vaò haatūtahi |
[-] Le tiret |
Vaò poto |
[:] Les deux points |
Ùa mau òa |
[é] L’accent aigu |
Tūnihi |
[è] L’accent grave |
Tūkina |
[ê] L’accent circonflexe |
Uhiuhi |
[ë] Le tréma |
Mau ùa toko |
[ _ ] La barre d’union |
Vaò moe |
[/] La barre oblique |
Vaò pāhaka |
[ {…} ] Les accolades |
Pāpua hopu |
|
Autres signes
[%] Pourcentage : 2% |
E ùa pāheeìa |
[≠] Différent de… |
Mea kē i/ia… |
[+] Plus |
Haatūtaì |
[-] Moins |
Haaiti |
[x] Multiplié par |
Haanui |
[÷] Divisé par… |
Pāheeìa |
[=] Égal à… |
Tūtahi |
[<] Plus grand que… |
Nui/keî atu i/ia… |
[>] Plus petit que |
Iti, momo mai i/ia… |
|
Divers
[etc.] Et cetera |
Me te toeka/toena |
[*] Astérisque |
Mau hetū |
[#] Dièse |
Kōhoka |
[@] Arobase |
Akāpoi |
© Académie marquisienne, février 2020, Taiohaè, Nukuhiva