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Te tohua niutavavā hou mea àva atu àva mai i te èo ènana
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Vue de la plage Vainaho et du Fort Collet, Taiohae, Nuku Hiva. René Gillotin, 1844.

Leçon 3 : Le genre et le nombre des mots marquisiens

Écrit par

  
Le jeudi soir (année 2015-2016), Jacques Iakopo Pelleau a animé un club de travail sur la langue marquisienne écrite « Te èopatu » avec cinq internes volontaires du collège de Taiohae à Nuku Hiva : Tahia, Corinne, Antoinette, Ludivine et Gustave qui ont enregistré les mots, phrases ou expressions de cette leçon et des leçons suivantes. Je les en remercie.

Cette prononciation est disponible dans le lecteur qui s’affiche à droite.

 

I - LES GENRES – masculin et féminin

Le genre n’est pas explicité ; ce sont les mots qui, par la nature de ce qu’ils expriment, portent en eux-mêmes leur genre.

                                                                                                    masculin feminin  

1) - Il n’y a qu’une seule forme d’article pour les deux genres et les deux nombres : (le, la, les) et (: un, une, des).  : s’utilise plutôt devant un nom suivi d’un qualificatif.

- Te pō (la nuit) ; te â (le jour).

- Te meika (une banane) ; te hītoro (un citron) ; he mou ènana meitaì (des hommes biens/bons).


2) - Il n’y a qu’une forme de pronom personnel à la 3ème personne :

a) - du singulier : īa (il, elle ; lui).

b) - du pluriel : âtou (ils, elles ; eux).


3) - On précise le genre quand :

- il y a risque de confusion : mon ami (to ù hoa). Mon amie (to ù hoa vehine/moî).

- on parle des animaux dont on précise le sexe en faisant précéder le nom de l’espèce des mots suivants :

- toa (mâle) : he toa potu (un chat mâle), he toa (i)hovare (un cheval mâle).

- kōivi (femelle) : he kōivi puaka (une truie), he kōivi peto (une chienne).

 

 

II- LES NOMBRES – singulier et pluriel

singulier pluriel 

A) - AVEC MODIFICATION du mot de base. Dans les langues européennes les plus usuelles, le pluriel des mots s’indique par une terminaison spécifique. Dans les langues polynésiennes, c’est, au contraire, le plus souvent par l’avant que l’on modifie le mot ; c’est la RÉDUPLICATION.

Ce procédé peut s’appliquer :

- À la 1ère syllabe: te kaavai, te kākaavai (la vallée, les vallées). Te kooūa, te kōkooūa (le grand-père, les grands-pères, les vieux).

- Au mot tout entier: te vae, te vaevae (la jambe, le pied, les jambes, les pieds). Te niho (la dent) ; nihoniho (dentelé, beaucoup de dents).


La réduplication sert aussi à exprimer l’intensité d’une action :

- la durée : tekao (parler) → tekatekao (bavarder, causer).

- la répétition : tā (frapper) → tātā (donner des coups répétés).

Ce sont l’usage et l’euphonie qui règlent l’utilisation de la réduplication ; on ne peut redupliquer les mots au hasard.

 

B) - SANS MODIFICATION du mot de base.

1) - Le singulier s’exprime en faisant précéder le nom de trois déterminants possibles :

          - défini : te = le, la, les. Te vaka, te moana, te tuaivi (la pirogue, l’océan, la montagne)

          - indéfini : he = un, une, des. He peto patapata (un chien tacheté).

          - tītahi : un certain, un autre. Ma tītahi kēkē (par un autre côté).

2) - Le pluriel s’exprime en faisant précéder le nom d’un autre mot collectif, un marqueur qui le pluralise.

a) – Les marqueurs concernant toutes les catégories d’entités :

         §§§ - pour exprimer le duel (deux entités) ou une faible quantité : nā ou mou + nom : les deux, quelques.

            - moî a Kapi (Les deux filles de Kapi).

            - motu e ono o te Henua ènana (Les six îles Marquises).

            - I tēnei mou pō (Ces jours-ci).

            - To ù mou mata (Mes yeux).

            - He mou vehine (Des femmes).

        §§§ - pour exprimer l’ensemble, la totalité d’un groupe :

            * - tau + nom = simple pluriel : te tau māhaì (Les garçons) ; c’est de loin la forme la plus usitée.

            * - hatu + nom = le groupe de… : « A mai me ta òe hatu tama ! » (« Viens avec tes enfants ! »)

            * - puke + nom = un tas de… : Tēnei puke ânani (Ce tas d’orange, ces oranges). He puke moni ta īa. (Il a des tas/bcp d’argent).

        §§§ - pour quantifier à l’infini, on utilise les nombres cardinaux (un, deux, trois...) qui seront étudiés p.17.

b) - Les trois marqueurs concernant seulement les êtres humains.

           * - poì, les gens. Te poì veve (les pauvres (gens)). Te poì hana (les ouvriers). « Tout le monde » se dit : paotū te tau poì.

           * - huaa, le groupe familial, le clan. Te huaahaè (la famille, la maisonnée) ; te huaa mamate (les morts).

           * - papa, la caste, la classe/couche sociale. Te papa tuhuka (les savants, les maîtres artisans).

 c) - Le marqueur concernant seulement les êtres vivants (humains et animaux) : naho + nom = la troupe, la bande.

           - « A tiòhi aè i te naho menē io he tuaivi ! » (« Regarde les chèvres sur la montagne ! » = le troupeau de chèvres)

           - Na mātou e āpuu i tēnei naho tōìki. (C’est nous qui accueillerons ces enfants. = ce groupe d’enfants.)

 d) - Le marqueur concernant seulement les végétaux : maa + nom.

            - Te maa èitā (la brousse, les herbes) ; avec idée de bosquet : te maa meika (la bananeraie, la plantation de bananes).

 

Mis en conformité avec la graphie académique marquisienne le 06/08/2022.

 

 

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